L’histoire d’Essaouira prend ses racines dans le passé le plus ancien : au VIIe siècle avant J.C., les Carthaginois y fondaient, sur les îles qui font face au port actuel, un comptoir d’échanges avec les populations locales. Après la destruction de Carthage en 146 avant J.C. par les Romains, ces derniers y installèrent toute une activité de pêche et de salaison pour approvisionner Rome, mais c’est surtout grâce à la fabrication, à partir du murex, un coquillage local, de la pourpre (très recherchée pour la teinture des toges des notables romains), que l’endroit a acquis sa renommée et s’est maintenu dans l’orbite romaine jusqu’au IVe siècle sous le nom d’Iles Purpuraires.
Essaouira, appelé alors Amagdoul par les habitants de la région, a ensuite connu des siècles d’oubli…
A la fin du Moyen Age, au moment des Grandes Découvertes et des voyages au long cours, les Portugais, grands navigateurs, s’intéressèrent au Maroc et au site d’Amagdoul, (qu’ils déformèrent en Mogador). En 1506, ils édifièrent une forteresse à l’endroit du port actuel pour tenter de pénétrer à l’intérieur des terres. Mais, à peine cinq ans plus tard, face à l’hostilité des Berbères, ils renoncèrent à leur entreprise et Mogador connu une nouvelle éclipse.
Il fallut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu’un Sultan alaouite visionnaire, Sidi Mohammed ben Abdallah, comprenne le potentiel économique exceptionnel du site d’Essaouira et décide d’y construire un port afin d’en faire le principal pôle de commerce avec l’Europe du pays et le point d’aboutissement des grandes caravanes qui reliaient le Maroc à Tombouctou et, au-delà, à l’Afrique Noire de l’Ouest.
L’élaboration du plan de cette ville nouvelle, fut confiée à un urbaniste français, Théodore Cornut. Formé à l’école de Vauban, il fit d’Essaouira, ainsi nommée par le Sultan, une ville fortifiée au plan rationnel, aéré qui lui donne encore de nos jours un caractère et un charme uniques parmi les médinas marocaines.
Seule ville du Maroc dont la population se partageait à égalité entre musulmans et juifs, Essaouira commerçait avec tous les grands ports européens ainsi qu’avec les pays subsahariens et cette activité florissante entraîna l’installation de consulats de la plupart des pays d’Europe. Mais, un siècle plus tard, la disparition des privilèges douaniers accordés à Essaouira et l’émergence de Casablanca entraîna un lent déclin de l’activité du port et de la ville même d’Essaouira qui, au milieu du XXe siècle, avec le départ massif de la communauté israélite au moment de l’Indépendance du Maroc puis de la guerre des six jours, ne resta plus qu’une petite ville endormie sur son passé : son activité de pêche s’est elle aussi réduite au fil du temps et toutes ses conserveries de poissons ont fermé les unes après les autres. Seuls quelques chalutiers construits et entretenus dans un modeste chantier naval traditionnel animent encore le très pittoresque petit port.
En fait, c’est le tourisme qui a redonné vie à Essaouira où l’on accède désormais directement grâce à son aéroport international et à la quatre-voies autoroutière qui la relie depuis 2010 à Marrakech.
Outre les souks de plus en plus riches de boutiques attrayantes, des activités anciennes comme la marqueterie de thuyas et l’exploitation de l’huile d’argane connaissent un essor remarquable.